Chapitre 2 : La véritable histoire de la gouille sous le pont de la Tourne

Il y a une semaine, on vous racontait comment Haldorn et Eldrick avaient créé les pistes de ski du Massif des Brasses, vous vous souvenez ? On vous avait laissé au moment où Haldorn cherchait, sans succès, sa fille Eldrick dans la forêt. Ça vous revient, ça y’est ?

Alors reprenons le fil de notre histoire…


Haldorn, le cœur brisé, avait passé une journée et une nuit entière à fouiller chaque recoin de la forêt des Brasses. Ses pas lourds, ses appels désespérés et ses soupirs résonnaient entre les arbres comme une complainte de détresse. Mais chaque coin, chaque bosquet fouillé ne faisait qu’ajouter au vide terrifiant laissé par l’absence d’Eldrik. Epuisé, il finit par arriver près du Pont de la Tourne, un pont de pierre qui enjambait un ravin.

Haldorn s’y arrêta, terrassé par le chagrin. Les souvenirs d’Eldrik, son rire cristallin, ses moqueries affectueuses et la chaleur de sa présence lui revinrent en même temps, rendant son absence encore plus insupportable. Le géant s’assit sous le pont, sa tête immense baissée, et, pour la première fois depuis longtemps, il pleura.

Des larmes chaudes, aussi grosses que des ruisseaux, coulèrent de ses yeux. Elles roulèrent le long de son visage semblable à de l’écorce et tombèrent lourdement sur le sol. Les sanglots de Haldorn étaient si profonds, si sincères, qu’ils faisaient vibrer la terre elle-même. Les gouttes, alimentées par sa tristesse infinie, commencèrent à remplir le creux sous le pont. Petit à petit, une grande flaque se forma. Mais Haldorn ne s’arrêtait pas, son chagrin était tel qu’il ne pouvait s’empêcher de pleurer.

Le temps passa et la flaque se fit de plus en plus grosse. La forêt se tut, comme pour respecter la douleur du géant. Même les animaux semblaient écouter avec compassion. La gouille sous le Pont de la Tourne était née de l’amour indéfectible d’un père pour sa fille.

Alors qu’il était plongé dans son chagrin, une voix sourde et sarcastique émergea des ombres :

– Eh bien, eh bien, un géant qui pleure… Quelle rareté… Cela valait bien la peine de capturer cette gamine pour voir ce spectacle, ricana Sólkar, l’ogre rabougri.

Haldorn releva lentement la tête, ses yeux encore humides de larmes. La vue de l’ogre, son sourire cruel et ses vêtements en lambeaux, alluma une étincelle de rage dans son regard. Sólkar, qui avait enlevé Eldrik pour éteindre la joie de vivre qu’il détestait tant, semblait fier de son méfait.

– Qu’as-tu fait à ma fille ? rugit Haldorn, sa voix résonnant comme un orage.

– Elle est en sécurité… pour l’instant, répliqua l’ogre avec un sourire mauvais. Mais si tu tiens à elle, viens me chercher aux Meulières du Vouan. Si tu oses…

Avant que Haldorn ne puisse réagir, Sólkar disparut dans les ombres de la forêt, ses ricanements s’évanouissant peu à peu.

Un silence lourd retomba, mais quelque chose avait changé en Haldorn. Son chagrin laissait place à une détermination brûlante. Il n’était pas seulement un géant maladroit. Il était un père. Et rien ni personne ne l’empêcherait de sauver Eldrik.

Mais cette histoire, chers lecteurs, mènera à une confrontation épique entre Haldorn et Sólkar. Préparez-vous, car le prochain chapitre révélera la bataille du cœur contre la noirceur…

** Pour découvrir la suite des aventures d’Haldorn et de sa fille, nous vous donnons rendez-vous mercredi prochain ! **